1774 : Voltaire chante Ferney

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Je crois Ferney plus beau.

Les regards étonnés, sur cent vallons,

Fleuris doucement promenés,

De la mer de Genève admirent l’étendue,

Et les Alpes de loin, s’élevant dans la nue,

D’un long amphithéâtre enferment les coteaux.

Où le pampre en festons rit parmi les ormeaux

Là quatre Etats divers arrêtent ma pensée,

Je vois de ma terrasse, à l’équerre tracée,

L’indigent Savoyard, utile en ses travaux,

Qui vient couper mes blés pour payer ses impôts

Des riches Genevois les campagnes brillantes,

Des Bernois valeureux les cités florissantes ;

Enfin cette Comté, franche aujourd’hui de nom,

Qu’avec l’or de Louis conquit le grand Bourbon

Et du bord de mon lac à tes rives du Tibre,

Je le dis, mais tout bas : Heureux un peuple libre.

Voltaire, Epitre à Horace, 1774

 

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