Arbez, Yves et Osvalda

Osvalda et Yves Arbez

Ils étaient nés et avaient passé leur enfance, dans un village de moyenne montagne proche de la frontière suisse, Yves aux Rousses, dans le Jura français, Osvalda en Italie, à Castione della Presolana, tout près de Bergame. C’est aux Rousses, où Osvalda était venue travailler au début des années soixante, qu’ils se sont rencontrés, aimés, mariés et ont fondé famille.

Max, Osvalda, Angèle et Yves Arbez aux Rousses

Max et Angèle, les parents d’Yves, possédaient un hôtel-restaurant à la Cure, à cheval sur la frontière franco-suisse, une entrée dans un pays, une entrée dans l’autre. La première marche de l’escalier menant aux chambres se trouvait – et se trouve toujours – en France tandis que la dernière est en Suisse. Un monde à part, l’Arbézie, que la Deuxième Guerre mondiale transforma en véritable microcosme. La frontière routière était fermée par des barbelés mais l’hôtel restait ouvert. Dans la France occupée, les soldats allemands pouvaient entrer et même s’installer dans la partie française. Ils pouvaient même poser le pied sur la première marche de l’escalier mais ne pouvaient accéder à l’étage, où Max Arbez cachait résistants et fuyards, dont il sauva la vie en les faisant sortir, au petit matin, du côté suisse. Maryse Arbez, la sœur d’Yves, a raconté cette histoire dans un très beau livre, L’Arbézie.

Mais revenons à Yves et Osvalda. En 1966, ils arrivent à Ferney pour reprendre le plus populaires des nombreux bistrots, le Café du Soleil.

Succéder à Maurice et Mimi Traffey constituait une véritable gageure.

 » Mimi  » Traffey et son Mari Maurice.

Il faut dire que le Soleil n’était pas qu’un café. C’était une institution sociale. Certes, quelques habitués ne marchaient plus tout à fait droit quant ils en partaient à point d’heure mais c’était aussi le lieu où on se rencontrait, on se parlait et se préoccupait du sort des autres. Que de fois ai-je entendu cette même phrase : « Dis donc, ça fait plusieurs jours qu’on n’a pas vu Untel, tu ne crois pas qu’on devait passer chez lui pour savoir s’il a besoin d’aide ? »

« Atchoum »

Cette question, c’est aussi celle que me posa un jour l’un des clients habituels, Maurice Rosenberg, à propos d’Atchoum (Aïssa Labbat pour l’état civil). Laissant là nos verres, nous nous rendîmes chez Atchoum, qui vivait, lui le sage analphabète, à deux pas du Lycée. Ce jour-là, hélas, nous sommes arrivés trop tard.

Yves Arbez

Yves est mort jeune. Osvalda a continué seule, à l’heure où les enfants, naturellement, prennent leur envol. Mais comment aurait-elle pu souffrir de solitude avec tous ces clients dont beaucoup étaient devenus de vrais amis ?

Jaja, Max et Bouture au bar du Soleil

Il faut ici évoquer quelques-uns des piliers de comptoir ou de belote, Jaja Pusterla, « Bouture » Mégevand, Max Rendu, le père Miescher, Atchoum bien sûr, Albert Desbiolles, Pasquet, François Roch, Dédé Vibert, les frères Dalby, Lulu Bourgeois, Pierre Boyet alias « Pomadin », Auguste Gay, Maurice Décotte, les Deborne, Jean Cogne, Eugène Gindre, Bourson, Sylvère Gauthier… j’en oublie certainement.

Marcel, Yvette et Osvalda

Avec un clin d’œil pour ceux qui prêtèrent main forte en cuisine, au bar et en salle, en particulier Yvette et Marcel.

Gina, Jean-Max et Viviane pour le 8oème anniversaire d’Osvalda

Yves, Osvalda et leurs trois enfants Gina, Jean-Max et Viviane constituaient une famille exemplaire mais, pour nous Ferneysiens, c’est le Café du Soleil qui était une grande famille, notre famille. En 2007, après la vente du Soleil et sa transformation sans âme, nous nous sommes tous retrouvés orphelins.

A.D.

Osvalda Arbez (1940-2020)

Lire ici un autre texte consacré à Osvalda Arbez par Alex Décotte

Une réflexion sur « Arbez, Yves et Osvalda »

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