2020 : Grandes heures ferneysiennes

L’association Ferney en mémoire présente son ultime exposition à la Mairie de Ferney-Voltaire 4 au 27 mars 2020.

Pour cette ultime exposition, nous nous efforçons de mettre en lumière les grandes heures de notre cité. De l’arrivée de Voltaire à Ferney (1759) aux fêtes que la Ville lui dédie désormais chaque année, plus de 250 ans se sont écoulés. Notre cité a eu sa part de joies et de malheurs, d’espérances et de déceptions.

Gens de la terre

A l’arrivée de Voltaire, Fernex comptait 114 habitants, agriculteurs pour la plupart. Le bourg ne comptait alors que trois fermes, le Clergeat, plus connu sous le nom de « ferme à Vibert », la ferme Mme de Barsat, aujourd’hui exploitée par la famille Duty, et le Châtelard, sur la route de Fernex à Mategnin.

Une partie du territoire, argileuse, était très marécageuse. A flanc de colline, la terre était plus riche. On pratiquait l’élevage, produisait du blé et cultivait la vigne.

Tuiles et pots

Le sol argileux, peu propice à l’agriculture, favorisa en 1643 l’implantation de la tuilerie. Au temps de Voltaire fut créée une faïencerie destinée à produire les « catelles » recouvrant les fourneaux installés au château. Les hivers étaient souvent rigoureux et Voltaire particulièrement frileux. Mais c’est surtout dans la seconde partie du XIXe siècle que furent installés les ateliers de nombreux potiers, la -plupart en provenance d’Alsace.

Si Dieu n’existait pas

La situation géographique de Ferney, proche de la ville de Calvin et successivement savoyarde, genevoise, bernoise et française, en a fait naturellement un lieu d’affrontement et de rencontre, d’échange et d’incompréhension. La religion en fut à la fois la cause et la conséquence. De longue date, catholiques et protestants avaient partagé en paix la vie quotidienne. Mais pas les lieux de culte.

Enfance et partage

Entre guerres, disettes et tragédies familiales, le sort des enfants n’était pas toujours enviable. Il fallut donc les mettre à l’abri des périls. Sur fond de querelles religieuses furent édifiés, pour jeunes filles et pour jeunes gens, des orphelinats catholiques et protestants. Les Marmousets de l’abbé Boisson en furent l’ultime épisode.

Mairie-école

En 1881-1882, les lois Jules Ferry rendirent l’école publique, gratuite et laïque. Des milliers d’écoles furent rapidement construites, à Ferney comme ailleurs. Mais quelle taille donner à la nôtre, et avec quels moyens ? Tous les enfants des écoles privées viendraient-ils à l’école publique ? Et quelle place donner aux services communaux, jusque-là éparpillés et voués à y être regroupés ?

Guerres et paix

Hormis la Suisse, l’histoire de l’Europe n’a cessé d’être jalonnée de guerres parmi lesquelles les rares périodes de paix ne constituèrent que quelques brefs répits. Au XXe siècle, il y eut les charniers de l’absurde Première Guerre mondiale, puis le terrifiant affrontement « du bien et du mal » entre 1939 et 1945. La paix à peine revenue, la France se lança dans l’aventure indochinoise avant d’affronter, sans succès mais avec quels drames, les combattants algériens de l’indépendance.

Esprit d’équipe

Les Ferneysiens se sont longtemps retrouvés – et se retrouvent encore – à l’église ou au temple mais c’est aussi au sein des sociétés, associations, amicales et autres clubs que bat le cœur de Ferney. La ville en compte aujourd’hui près d’une centaine.

Comment ne pas citer la gymnastique, les pompiers, la fanfare, les associations sociales ou culturelles, les clubs sportifs ? Toutes et tous ont participé à l’animation et à l’image de Ferney, créé l’événement, pris part aux grandes manifestations.

Zones franches

Grâce à l’intervention de Voltaire, les premières franchises avaient été accordées au pays de Gex, par le roi de France, en 1776. Après la capitulation de Napoléon et le rattachement à Genève de plusieurs communes françaises, le Traité de Paris (1815) décida que la ligne des douanes françaises serait placée à l’ouest du Jura. C’est ainsi que Pays de Gex maintint la liberté de commercer librement avec la Suisse.

La saga Muller

Jacob Muller vint s’installer dans le Pays de Gex en 1919. Il fit l’acquisition de son premier camion, un Renault, et proposa ses services, transportant de la « fruitière » jusqu’à Genève le lait des paysans locaux. A Jacob ont succédé Willy, décédé en 2019, puis Jean-Pierre et Bernard. La saga continue.

Denis de Rougemont

Discret et réservé, Denis de Rougemont fut un des grands penseurs du XXe siècle. A New York, il avait posé comme « Petit Prince » pour son ami Antoine de Saint-Exupéry. Durant près de trente ans, il vécut à Ferney mais les Ferneysiens ne le savaient guère. Denis de Rougemont préférait les régions aux nations, persuadé que cette dimension plus proche et plus humaine permettrait d’écarter les guerres, de préserver la nature et de sauver la planète.

IOS investit Ferney

Avant IOS, pendant IOS et après IOS, ainsi pourraient être résumées les grandes étapes de la vie ferneysienne dans la seconde moitié du XXe siècle. « Voulez-vous vraiment devenir riche ? » Telle était la première question que « Bernie » Cornfeld posait aux candidats – et surtout aux candidates – venu(e)s solliciter un emploi. L’argent, rien que l’argent. Avec un petit supplément d’âme : le goût des femmes.

L’aventure Control Data

Dans les années soixante, il y avait urgence, pour les élus, à trouver un complément local à l’emploi frontalier. IOS avait été un miracle et serait bientôt un naufrage. C’est alors que se présenta l’opportunité Control Data. Une grande entreprise américaine souhaitait venir fabriquer ses ordinateurs géants à Ferney…

Allons au bois

De toute éternité, il y eut au sud de Ferney une belle forêt nommée « La Bagasse ». En 1957, pour permettre l’agrandissement de l’aéroport, une convention fut signée, qui prévoyait l’élagage à proximité des pistes. Convention jamais appliquée… Pourtant, le 22 novembre 2003, donnant finalement suite aux demandes réitérées des autorités suisses, le préfet de l’Ain ordonna l’abattage des bois. Soutenus par les Ferneysiens, les « accobranchistes » parvinrent à sauver quelques dizaines de chênes centenaires.

Ferney est Charlie

Le 7 janvier 2015, les frères Kouachi surgissent, armes de guerre au poing, dans la salle de rédaction de Charlie Hebdo et assassinent 11 personnes dont les dessinateurs Cabu, Charb, Honoré, Tignous et Wolinski. Quatre jours plus tard, des milliers de citoyens, venus de Ferney, du Pays de Gex, de Genève et d’au-delà, se retrouvent au pied de la statue de Voltaire pour défendre les droits humains et la liberté d’expression.

Le retour de Voltaire

© 2018 Aline Groley, Mairie de Ferney-Voltaire

Le 21 octobre 1998, la nouvelle le tour du monde : à la demande des propriétaires, la maison Christie’s met en vente aux enchères le château de Voltaire ! Branle-bas de combat. La demeure du Patriarche ne doit pas tomber entre les mains d’un quelconque oligarque ou d’un sulfureux trafiquant d’armes. Finalement, l’Etat rachète le château et le réhabilite entièrement sous la houlette du Ferneysien François Chatillon. Le 31 mai 2019, Emmanuel Macron vient en personne inaugurer le bâtiment restauré.

Ce n’est qu’un au revoir!

Créée en 2015, Ferney en mémoire a réalisé, chaque année, des expositions et des livres dédiés à l’histoire ferneysienne. La première année fut consacrée à la vie locale en temps de guerre : « Gros plan 1939-1945 ». Il y eut ensuite « La Limite, quartier disparu », puis « Les Marmousets », « Les rues de Ferney », « Commerçants et artisans ». Les « Grandes heures ferneysiennes » mettent un point final à cette série mais nous avons dès maintenant, de nouveaux et beaux projets.

Nous devrions bénéficier prochainement d’un local dans lequel nous pourrons accueillir les Ferneysiens, leur communiquer photos et documents, recueillir leurs témoignages.

Nous animons aussi le site Internet www-ferney-en-mémoire.fr permettant à chacun de retrouver la trace de leurs propres parents, le reflet de notre travail et nombre de documents inédits.

Nous continuerons, bien sûr.

Une exposition et un livre

Cette dernière exposition s’accompagne, une fois encore, de la publication d’un livre regroupant, sous couverture cartonnée, l’ensemble des textes et documents présentés.

Pour le prix de 30€, il sera possible de se le procurer dès le 4 mars 2020 à notre exposition à la Mairie. Le livre sera également disponible dans les librairies ferneysiennes, à la Maison des pays de Voltaire, à l’Office du Tourisme du Pays de Gex, ainsi que, directement, auprès de Ferney en mémoire :  info@ferney-en-mémoire .

Après réimpression de certains volumes, nous sommes aujourd’hui en mesure de vous proposer quelques livres publiés depuis 2015 :

«La Limite, quartier disparu» / «Les Marmousets» / «Les rues de Ferney» / «Commerçants et artisans» / «Grandes heures ferneysiennes»