L’Ain était coupé en deux. L’ensemble du département resta en zone libre, mais le Pays de Gex, frontalier avec la Suisse, fut déclaré en zone interdite, sauf une partie de la commune de Lélex (la mairie se trouvant en zone interdite), tandis que 5 ou 6 communes de Haute-Savoie furent incluses à la zone interdite (Arcine, Chevrier, Clarafond, Éloise, Vulbens, Saint-Germain-sur-Rhône, soit une couronne autour de Génissiat, Bellegarde-sur-Valserine, Léaz-Fort L’Écluse). Cependant, le 24 août 1941, ces communes furent rattachées à la zone libre (puis à la zone d’occupation italienne à partir du 11 novembre 1942). Aucune commune de l’arrondissement de Nantua ne se trouvait dans la zone occupée.
La ligne de démarcation suivait désormais le cours du Rhône depuis son entrée en France (à Pougny), jusqu’au confluent avec la Valserine, à Bellegarde, et remontait ensuite le cours de cette rivière jusqu’à sa source. Bellegarde se trouvait donc en zone libre.
Toutes les communes de la zone occupée et interdite (essentiellement le Pays de Gex), dépendaient de la sous-préfecture de Gex, qui, elle-même, fut détachée de la préfecture de Bourg-en-Bresse, et rattachée à la préfecture de Besançon.
Le franchissement de la ligne de démarcation, entre le Pays de Gex et la Haute-Savoie, se faisait sur la Nationale 206 qui relie Collonges à Saint-Julien-en-Genevois, au pont Carnot. Là, un poste de douaniers allemands était établi côté Ain, et un poste de douaniers français, côté Haute-Savoie.
La ligne de démarcation est une véritable frontière, avec des postes de passages gardés par les Allemands. Un Ausweis (laissez-passer), délivré par les Kommandanturen (bureaux de l’autorité allemande chargés de l’administration militaire ou civile d’une zone déterminée du territoire) et très difficile à obtenir, est obligatoire pour aller d’une zone à l’autre, que ce soit à pied, en voiture ou en train.
Les personnes qui résident à dix kilomètres de part et d’autre de la ligne peuvent demander des Ausweis für den kleinen Grenzverkehr (laissez-passer pour la petite circulation frontalière) qui leur permettent de circuler pour un temps déterminé sur le territoire de leur département coupé en deux. La délivrance de ces laissez-passer est du ressort des Feldkommandanturen et des Kreiskommandanturen locales.
La Demarkationslinie – la ligne de démarcation – ne disparaîtra qu’après l’occupation totale de la France, le 11 novembre 1942.
Merci pour ces tranches d’histoire.