Meylan Michel (1939-2020)

Michel Meylan nous a quittés le 3 juillet 2020. Il avait 81 ans. Enfant de Ferney, membre d’une nombreuse fratrie (Pascal, Paul, Gérard, Bernadette, Jean-Baptiste), il était le fils du notaire Henri Meylan. Plus tard, il s’était exilé à Lyon avant de revenir un peu plus près, à Bonneville, dont il allait être maire, député, et responsables de divers organismes intercommunaux.

Nous reprenons ici les articles publiés dans la presse régionale.

Michel Meylan est mort

L’ancien maire de Bonneville, conseiller général et député s’est éteint à l’âge de 81 ans. Décédé le 3 juillet des suites d’une longue maladie, inhumé dans la plus stricte intimité jeudi 9 juillet selon les volontés de sa famille, Michel MeyIan laisse derrière lui un important héritage politique.

Il est de ces hommes qui marquent des villes, des vallées, des territoires, des départements. De ces hommes qui gravent leur nom dans la mémoire collective. Michel Meylan fait partie de ceux qui ont cette trempe. Né le 27 janvier 1939 à Ferney-Voltaire (Ain), il arrive avec sa famille à la fin des années 70 de la région lyonnaise pour prendre un cabinet d’assuran-ces à Bonneville. « Il était alors cadre dans une importante entreprise de salaison et il a été amené à une reconversion professionnelle et géographique », explique Philippe Tormento, son premier collaborateur parlementaire et directeur de cabinet de 1990 à 1995. Comme ceux qui l’ont côtoyé, il vante ses qualités humaines « exceptionnelles. »

Un autodidacte

Marié, père de trois enfants, Michel Meylan s’installe à Saint-Pierre-en-Faucigny où il y restera. Alors qu’il n’est pas un enfant du cru, très vite, il parvient à se faire une place, un nom. Il enchaîne trois mandats de maire à Bonneville (de 1983 à 2001), trois mandats de député (1988-2002). Il sera aussi conseiller général de 1982 à 1994 et vice-président du Département, conseiller régional, membre de nombreuses commissions, obtiendra la présidence du Sivom de Bonneville, du groupe Union Rhône-Alpes à la Région, secrétaire de l’Assemblée nationale de 1993 à 1997, etc.

Mais Michel Meylan, le « bon vivant », est surtout un autodidacte de talent. Intime de Charles Millon, considéré comme le bras droit de Raymond Barre ou encore proche de Giscard d’Estaing, il appartenait à la grande famille de l’UDF de l’époque : « Chez les libéraux, il pensait que l’être humain devait être au cœur du projet politique et la liberté d’entreprendre au cœur de la réussite », note le député Martial Saddier pour qui l’homme était son mentor et dont il reprend souvent l’un de ses adages : « Pour faire de la politique, il faut aimer les gens ».

Un vrai sens politique

Michel Meylan était aussi de ceux qui ont « ce sens politique. « Un vrai flair », poursuit Philippe Tormento. Meylan a ainsi mis le pied à l’étrier à de grands noms avec trois « fils » politiques : l’ancien sénateur Jean-Claude Carle, aujourd’hui décédé, l’ancien maire de Thonon Jean Denais et son troisième poulain, Martial Saddier qui lui succéda à la mairie bonnevilloise en 2001. C’est Meylan lui-même qui l’avait repéré à une réunion de quartier et l’avait appelé le lendemain pour qu’il intègre son équipe avant les municipales de 1995 et qui lui avait aussi proposé de prendre la relève à la députation. Homme de caractère, fort en couleurs, truculent par moments, Michel MeyIan était aussi pragmatique : « On va tout y faire, on va tout y arranger », aimait-il marteler à la fin des réunions. Un homme de convictions, porté par les autres, qui n’hésitait à payer lui-même les amendes de citoyens en difflculté. Mais c’était aussi « un homme de parole avec une réelle envie d’aider les jeunes », plaide Saddier, « le seul qui a tenu parole quand il a dit qu’il arrêtait tout à 60 ans », d’abord la mairie de Bonneville en 2001, la députation en 2002. Il finira son dernier mandat électif en 2008 avec la présidence du SM3A.

Justine Trillat / Le Dauphiné Libéré / 12 juillet 2020

« Un grand humaniste et un visionnaire »

Michel Meylan a marqué le territoire par un engagement fort et son côté visionnaire que tout le monde lui accorde. Fort de nombreux projets locaux qu’il est impossible de lister dans leur intégralité (quartier de Bellerive, rond-point de la Colonne, première reconstruction de l’Agora, maison de l’Enfant), il a aussi marqué de son aura la politique bien au-delà de sa 3e circonscription. Profondément marqué par ses 24 mois qu’il a effectués en Algérie, de 1959 à 1961, il a participé à la reconnaissance de la guerre d’Algérie et est devenu l’un des meilleurs spécialistes en France sur les questions des anciens combattants. « Monsieur anciens combattants », son surnom, rapporteur du budget chaque année à l’Assemblée nationale. Scout de cœur, il a aussi créé l’instance parlementaire du scoutisme qui l’a conduit à être présent au plan national comme international. Il était par ailleurs visionnaire pour des projets d’ampleur qu’il a lancés. Avec le maire d’Annemasse de l’époque, Robert Borrel, c’est lui qui a posé le principe fondateur pour la construction d’un nouvel hôpital unique, concrétisé par Martial Saddier avec le Centre hospitalier Alpes-Léman.

Une fibre verte avant l’heure

Michel Meylan a été le fondateur du Syndicat mixte d’aménagement de l’Arve et ses affluents (SM3A) et a créé le premier contrat rivière Arve, le plus important de France qui rassemblait à l’époque déjà plus d’une quarantaine de communes, alors que les intercommunalités n’existaient pas encore, avec une idée: mutualiser. Meylan, c’est aussi une fibre verte puisqu’il a lancé le premier centre d’accueil des gypaètes à Ayze, à côté du stade. Il s’est même servi d’une subvention pour le foot pour financer la réintroduction du premier gypaète barbu. Meylan, c’est finalement « une profonde humanité et un fichu bon sens », résume Philippe Tormento. Pour Martial Saddier c’était «un docteur en sciences humaines ». Très cash, direct, à cheval sur la ponctualité, rigoureux mais le cœur sur la main, un homme « mémorable. »

J.T.