Merci à Geneviève Cartegini, qui a retrouvé et nous a confié ce beau poème composé en 1988 par Marie-Madeleine Raphoz, née Malavallon. Il était inséré dans la carte de voeux pour 1989. L’illustration était de Marie-Claude Pérault. De la nostalgie, de l’émotion mais aussi beaucoup d’espérance.
Je dois fermer les yeux
Pour qu’il puisse apparaître
Et retrouver les lieux
Que je veux voir renaître.
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J’ai devant moi Ferney
De mes jeunes années
Et j’ai quelques regrets
En voyant mon passé !
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L’avenue des Marronniers
Me conduit à l’école.
Jeudi, jour de congé
Je vais au chemin des Folles.
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Le petit chemin d’0uye
Reste mon préféré
Car il part en vadrouille
Avec moi dans les prés !
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L’impasse des Soupirs
Tourne vers la fruitière.
Le chemin dit du Creux,
Rejoint le cimetière.
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La ruelle de l’Asile
M’effraie quand vient la nuit.
La vue est bien jolie,
Au chemin de Vessy.
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Le sentier de la Brunette
Cahote à travers champs.
J’y cueille des noisettes
Dès l’été finissant.
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Je garde la nostalgie
Du lieu-dit Les Marais,
Qui étaient m’a-t-on dit
Un bienfait d’Arouet.
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Aux Brotteaux j’aperçois
La fontaine Saint-Germain.
En revenant des bois
Les chèvres y font le plein
D’une eau pure, argentée,
Qui vient du Pré d’Ia Tire
Où les grands peupliers
Se balancent et s’étirent.
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Je revois les maisons
Saint-Pierre et Saint-Vincent
Avec tous leurs enfants
Marchant en rang d’oignons,
Vêtus de tabliers
Tous à petits carreaux
Dont l’uniformité
Me glace encore le dos.
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Je vois surgir la forge
Ou piaffent les chevaux.
J’ai au fond de la gorge
L’âcre fumée des sabots.
J’y vois rougir le feu
Et l’enclume chanter.
Le nez contre le carreau
Je reste émerveillée !
***
J’entends venir le tram
Au son de sa clochette.
Peu après le wattman
Crie : « Ici on s’arrête ! »
***
Dans le jour déclinant,
J’écoute tinter le glas
Qui annonce aux vivants
Un passage à trépas.
***
Je vois le grand verger
Derrière notre maison
J’y compte les pommiers
Aux belles floraisons.
***
Je vois le grand sapin
Qui un jour est tombé
En bordure du jardin.
Ce jour-là, j’ai pleuré.
***
Je dois ouvrir les yeux
Pour que tout disparaisse.
S’effacent tous ces lieux,
S’estompe ma tristesse.
***
J’ai devant moi Ferney
Qui hélas a changé !
Et malgré mes regrets
Je sais qu’il faut l’aimer.
***
Marie-Madeleine Raphoz, 1er octobre 1988
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