Place de la Fontaine
Depuis toujours, c’est au carrefour de la Grand’rue et des rues de Versoix, Meyrin et Genève, sur la place de la Fontaine, que se concentre la vie des Ferneysiens. Les familles viennent chaque jour chercher leur eau. Les troupeaux se désaltèrent au retour des prés. On se rencontre, on papote. Les principaux commerces y sont regroupés : boulangerie, hôtels, restaurants, bistrots, magasins de journaux et de vêtements… Les jours de fête trop arrosés, c’est dans le bassin de la fontaine, installée au temps de Voltaire, que finissent, penauds et frigorifiés, les victimes plus ou moins consentantes des bandes de jeunes en goguette. C’est enfin dans les vitrines que sont affichés les avis mortuaires. Ferney est à la fois un village et une famille. C’est sur la place que tout se dit, se sait, se murmure, se commente.
Rue de Meyrin
Au-delà de la fontaine se niche l’histoire la plus ancienne de Ferney. Le Vatican, mystérieux sobriquet lié à un lointain garde suisse revenu de Rome pour y finir ses jours, est sans doute l’une des deux premières maisons du village. Jusqu’au début du XIXe siècle, Meyrin est française et les échanges sont nombreux. C’est dans cette rue que se sont installés les ouvriers des comptoirs d’horlogerie si chers à Voltaire. On y trouve aussi la minuscule et légendaire cordonnerie Barge. La ferme Saint-Germain a disparu en 1971. Il n’en reste qu’une fontaine, reconstruite à l’identique, et un dessin de Marcel Durand. Le travail des champs donnant soif, nombre des dix-sept cafés ferneysiens émaillent la rue. Ce temps-là appartient désormais au passé et même le magasin de journaux tenu par les familles Vannier et Chaffard, implanté face aux odorantes latrines abritées sous le platane, n’est plus qu’un lointain souvenir.
Grand’rue
Artère principale du village, la Grand’rue accueille les commerces importants, boucheries, épiceries, cafés, laiterie, bazar. C’est dans la Grand’rue que passe le Tour de France, le 5 juillet 1957. C’est de là aussi que partent le tram électrique pour Genève et celui, à vapeur, pour Gex. Là enfin que les tracteurs des paysans locaux bloquent la circulation pour faire valoir leurs droits. Les défilés du 8 Mai et du 11 Novembre y passent obligatoirement, ainsi que la parade des pompiers, de la gymnastique et de la fanfare. Chaque jour, les boilles de lait sont déposées sur le trottoir, à l’intention du camion qui les emportera à Genève, aux Laiteries Réunies. A Ferney, on boit évidemment plus de vin que de lait et dans les cafés, on prend des nouvelles, on joue aux cartes et on refait le monde autour d’une « picholette » de 3 décis de blanc.
Avenue Voltaire
L’avenue Voltaire est la plus récente des rues historiques de Ferney. Seules l’installation de la statue du Patriarche puis la construction de l’école, au tournant du XIXe siècle, et enfin la création du monument aux Morts, en 1921, ont progressivement donné vie à cet axe, qui buta longtemps sur les maisons contiguës de la Grand’rue et ne fut prolongé qu’à la fin des années cinquante. Dans le même temps, la modeste poste de la rue de Meyrin fut transférée dans un bâtiment tout neuf, au beau milieu de l’avenue Voltaire, face à l’ancienne fruitière.
Rue de Gex
Les maisons bourgeoises de la rue de Gex datent, pour la plupart, du temps de Voltaire, désireux d’accueillir dignement célébrités et artisans accourus dans son « Auberge de l’Europe ». Le dimanche, les paroissiens se retrouvèrent longtemps dans l’ancienne église, située à côté du château, avant la construction de l’église catholique actuelle, au milieu du XIXe siècle. Dans la montée, le tram à vapeur s’essoufflait tant que les passagers devaient en descendre et le pousser, entre la poterie Johannel et l’Hôtel Bellevue. Pendant les deux guerres mondiales, la rue de Gex accueillit un service d’ambulance, entre 1914 et 1918, puis la Kommandantur allemande, entre 1940 et 1944.
Rue de Versoix
Comme Meyrin, Versoix est restée française jusqu’à la chute de Napoléon et, longtemps encore, les paysans se sont prêté la main par-dessus la frontière. Cependant, les Ferneysiens n’empruntaient généralement la rue de Versoix que pour se rendre à leur jardin, à Valavran. La rue comportait moins de commerces et plus d’habitations que les rues du centre, même si elle débutait à l’ombre de deux établissements, La Truite et l’Hôtel de France. Il y avait pourtant quelques commerces, comme le garage Dunand, qui effectuait la réparation des rares automobiles et assurait le service de taxis. Toute la famille prenait la soupe du soir sur un banc, face à la rue et à son modeste trafic. Au-delà, on comptait plusieurs fermes (Malavallon, Beudet) et autant de bistrots. La menuiserie Deborne débordait d’activité. Récemment détruits, les bâtiments HLM n’existaient pas encore et le minuscule poste de douane était le favori des contrebandiers amateurs.
Rue de Genève
Axe de passage plutôt que de vie, la rue de Genève accueillait la plupart des poteries ainsi que la tuilerie, profitant du sol particulièrement argileux. La Maison Saint-Pierre, orphelinat catholique, accueillait déjà de nombreux enfants auxquels prêtres et enseignants inculquaient la foi en Dieu et le respect de la Nation, vertus plus nécessaires encore en temps de guerre qu’en temps de paix. Entre Ferney et la frontière, le hameau de La Limite accueillit jardiniers, petits artisans – et même un hôtel de luxe – jusqu’à sa disparition, imposée par l’allongement des pistes de l’aéroport. Quant à la frontière elle-même, principal passage pour les trams, les autobus et les premières automobiles, elle était plus ou moins ouverte, plus ou moins franchissable au gré des humeurs suisses ou françaises – et fut complètement fermée entre 1940 et 1944.
Une exposition et un livre
Cette année encore, un livre accompagne l’exposition. En vente au prix de 30€, il sera disponible pendant l’exposition et sur commande auprès de l’association.
Vous devez être connecté pour poster un commentaire.