Jean Bugada aurait fêté ses 90 ans en mai prochain. Lecteur assidu de la Gazetta Dello Sport, il n’avait certes jamais oublié son Italie natale mais était devenu, au fil des ans, le plus ferneysien des Ferneysiens.
Sa vie professionnelle avait d’abord été marquée par un rôle dont il était fier, maître d’hôtel au Capucin Gourmand, enseigne réputée dans un quartier disparu bien avant lui, celui de La Limite. Il y avait même servi Madame Roosevelt et cet instant était resté son titre de gloire. Puis était venu le temps du CERN, où il s’était fait de nombreux amis.
Mais parlons du Ferneysien qu’il fut et qu’il restera. Bouliste longtemps, beloteur souvent, champignonneur à chaque automne, il allait tous les matins acheter ses journaux et, sur le chemin, rencontrait d’autres Ferneysiens avec lesquels il refaisait, en quelques mots, le petit et le grand mondes. Pour eux tous, pour nous tous, il fut le plus agréable des copains et le plus fidèle des amis.
Jean était curieux de tous et de tout. Il fut donc un merveilleux compagnon de voyage. Certes, il n’avait pas fait le tour du monde mais sa carte du tendre passait par le Midi, la Bretagne, Paris et l’Italie.
En Bretagne, du côté de la Pointe du Raz, Jean avait pris ses habitudes et s’était fait des amis qui, lorsqu’il n’était pas d’un nouveau voyage, prenaient gentiment de ses nouvelles. Depuis 2013, Jean s’était dit trop fatigué pour de telles expéditions mais, en août 2017, il avait à nouveau accepté notre proposition et, après un très long chemin émaillé de quelques cuisses de grenouilles et d’autant de surprises, nous nous étions à nouveau rassasiés, face à l’océan, de retrouvailles affectueuses, de moules frites, de sardines grillées et même… de plages ensoleillées.
Cette Bretagne-là fut son dernier voyage mais c’est le précédent, quelques semaines plus tôt, qui l’aura sans doute le plus profondément ému. En compagnie de sa belle-sœur et de ses neveux, il était retourné sur la terre de ses ancêtres et de son enfance, à Brembilla, bourgade de Lombardie chère à son cœur. Oubliés la fatigue, l’âge et la maladie naissante, il s’était remis à gambader en zigzag comme le gamin qu’il y avait été. Le plus beau moment de sa vie, peut-être.
Au cimetière de Ferney, Jean a rejoint son épouse Denise, disparue en 2012 et dont il allait régulièrement fleurir la tombe. Ses amis de la Boule Ferneysienne se sont ensuite réunis au Clos pour le retrouver une dernière fois, par la pensée et la tendresse, dans ce lieu qu’il aimait tant.
Salut Jean. Nous t’avons aimé, tu nous as aimés. Et ça va continuer.
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