La Tuilerie

La Limite, 26 avril 2002, le Pays Gessien (collection Muller)

La Limite, 26 avril 2002, le Pays Gessien (collection Muller)

La ville de Ferney est compo­sée de différents quartiers. Celui qui borde la douane de l’aéro­port avait une vie qu’on n’ima­gine pas aujourd’hui. L’activité du quartier de la Limite, comme il se nommait alors, tournait principa­lement autour de la Tuilerie. Créée en 1740, elle fut démolie à partir de 1956. A ce moment-là, une trentaine de personnes travaillaient dix mois par an à la fa­brication quotidienne de 20 000 briques. Joseph Cartegini faisait partie de ce personnel. Il se rap­pelle le côté physique de ce tra­vail mais aussi l’unité qui liait les employés pour faire les choses bien. Il se souvient également du quartier, d’un point de vue plus général : les Suisses qui ve­naient passer le week-end dans cet ancien hameau de Ferney, le bus qui a remplacé le tram au sortir de la Deuxième guerre mondiale ou encore des trois étangs que La limite comptait à l’époque…

On trouvait de tout à la Li­mite, sauf des commerces. A l’ex­ception de cafés, l’activité ici était plutôt artisanale ou indus­trielle.

Le progrès aura eu raison de cette organisation. La création de l’aéroport a entraîné la fin d’une époque où l’hôtel du Capu­cin Gourmand avait défrayé la chronique, en installant des bal­lons fixés à l’aide d’un câble afin d’empêcher les avions de se po­ser. Et puis les champs ont vu pousser des logements sociaux, les trois étangs dont disposait le quartier ont été asséchés. Les an­ciens habitants du quartier ont vu évoluer le quartier avec le re­gret tout de même de lui voir per­dre son âme conviviale et profes­sionnelle qui unissait cette population aujourd’hui nostalgique, 50 ans seulement après l’arrêt des activités.

Le Pays Gessien, 26 avril 2002


GMY5_0192a Petit [Largeur max. 2400 Hauteur max. 1800]

La Tuilerie de Ferney (Document Geneviève Cartegini / Photo Maurice Cartier) GMY5_0192a

GMY5_0167 [Largeur max. 2400 Hauteur max. 1800]

La tuilerie de la Limite (Dessin: Cartegini Joseph dit « Carta ») GMY5_0167

GMY5_0190c [Largeur max. 2400 Hauteur max. 1800]

La Tuilerie de Ferney. Sur la droite, le bureau.  (Document Geneviève Cartegini /Photo Maurice Cartier) GMY5_0190b

GMY5_0195b Gros [Largeur max. 2400 Hauteur max. 1800]

A la tuilerie de La Limite, le tracteur sur rails transportant l’argile. De De gauche à droite: Jean Cartegini (6.12.31 / 7.11.1944), Charles Cartegini (15.10.1905 / 7.11.1951), Louis Persello (vers 1935). Document Geneviève Cartegini. GMY5_0195b

JCC003 Tuilerie du ciel 1937 w [Largeur max. 2400 Hauteur max. 1800]

La tuilerie vue du ciel (Document Jean-Claude Cailliez / JCC003)

Même si elle a survécu jusqu’en 1956, le déclin de la tuilerie s’est amorcé avec la Deuxième Guerre mondiale. Le propriétaire de l’époque, M. Armleder, a consigné alors les heures de gloire et les signes de déclin de son entreprise. Le fac-simile de ce document se trouve ici. En voici les grandes lignes:


TUILERIE-BRIQUETERIE Edouard ARMLEDER à FERNEY-VOLTAIRE (Ain)

Cette usine a été créée vers 1740 et a appartenu dans le siècle dernier à la famille GROBET puis à M. Armleder – le propriétaire actuel, qui en est propriétaire depuis 1925. M. Armleder avait loué cette usine en 1908 et l’a eue au bail pendant 17 ans. Le propriétaire actuel a modernisé entièrement cette usine par acquisition de machines modernes, construction de grands hangars, construction d’habitations pour les ouvriers, construction de séchoirs à air chaud, construction de séchoirs à air libre, acquisition de terrains. Cette usine est sise et Ferney-Voltaire, à environ 300 mètres de la frontière suisse. M. Armleder exploite lui-même directement son usine. L’exploitation se fait 10 mois par an. L’usine occupe 30 ouvriers. La production quotidienne est de 20.000 briques normales.

La possibilité d’extraction de la terre blanche, sur terrain propre, est quasiment illimitée, avec exploitation normale, et certaine pour une génération au moins. La terre rouge est extraite également des terrains de M. Armleder. Suivant les estimations, l’extraction de la terre rouge est assurée pour une période de quinze ans au minimum.

L’usine comprend la fabrique avec séchoirs à air libre, le four Hoffmann circulaire avec séchoirs à air chaud et séchoir à air libre à étagère, desservis par wagonnets transporteurs, les hangars et logements, les garages et dépendances (logements contremaitre et ouvriers).

Les territoires de commercialisation comprennent tout le pays de Gex – de Bellegarde à Crassier, la zone sarde, soit les petites zones, de St. Julien à Gaillard. La tuilerie est la seule usine desservant tout le pays de Gex.

Pour l’importation en Suisse de ses produits, M. Armleder est au bénéfice d’une décision de la Commission Franco-Suisse des Zones, décision encore en vigueur et renouvelable à son échéance. Par cette décision, M. Armleder a le droit d’importer, en franchise, annuellement, en Suisse, 7 millions de Kgs. de tuiles et briques de sa fabrication. Le canton de Genève et les Zones assurent annuellement, un chiffre d’affaires de 700 à 800.000.- frs. suisses.

Les terrains de la propriété attenant à l’usine forment une superficie de 6 hectares environ. Sur ces terrains sont exploitées terre rouge et terre blanche. Les terrains de la propriété et à proximité immédiate de l’usine, forment une superficie de 4 hectares, 43 ares, 60 m2. Sur ces terrains sont exploitées terre rouge et terre blanche. L’usine, du côté couchant, est entourée de bois qu’il serait possible d’acquérir par la suite, s’il y avait nécessité. Ces terrains, dont la superficie est estimée à plusieurs centaines d’hectares appartiennent à un seul propriétaire. Ils contiennent tous de la terre blanche et de la terre rouge.

Depuis septembre 1939, l’exploitation est réduite et les ventes désorganisées – cela par suite de la mobilisation française. L’usine est actuellement « en veilleuse ».


 

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