Eliane Falquet s’est éteinte le 4 mars 2019. Elle avait 88 ans. Sa maman, AndreaChareyron, avait tenu à Ferney le Café des Sports, devenu aujourd’hui le Patriarche. Eliane avait épousé Roger Falquet en 1949 et donné naissance à quatre filles : Annick, Cathy, Claire et Sophie, qui lui avaient à leur tour donné 8 petits-enfants et 8 arrière-petits-enfants.
Ce sont les hasards de la vie qui ont amené Andrée Gerlier, la maman d’Eliane, à s’installer à Ferney, à deux pas de la fontaine, puis ont permis à Eliane d’y rencontrer Roger Falquet, issu d’une famille venue de Suisse au tournant du siècle.
Hasard malheureux que la mort accidentelle du mari d’Eliane, Félix Gerlier, Quatre mos après leur mariage, lors d’un accident sur la route menant à Lyon, train contre automobile à la sortie d’un tunnel. Au sortir de la guerre, le café des Sports était à vendre. Andrée Masson, native de Lyon mais établie à Bourg-en-Bresse, l’acquit en 1948. Eliane, fille unique, avait dix-sept ans. Elle aida sa maman au café…
C’est à la fontaine que le jeune et fringant Roger Falquet, venu de la ferme voisine, faisait boire son cheval puis le faisait se cabrer fièrement devant la belle Eliane avant d’aller, comme tous les paysans d’alors, prendre un verre au comptoir. Roger épousa Eliane le 15 septembre 1949. Elle avait tout juste dix-huit ans.
A la ferme, Edouard Falquet s’occupait du bétail, Roger du matériel agricole. Au fil des ans, la famille s’élargit de quatre filles : Annick, Cathy, Claire et Sophie.
Retour sur les années 1900. A l’époque, la Suisse était très pauvre et nombre de ses enfants devaient émigrer, particulièrement à la campagne où, pour éviter tout démembrement, la loi sur les successions transmettait ferme et domaine au seul aîné des enfants, les autres se trouvant dans l’obligation de se chercher un avenir ailleurs. C’est ainsi que, particulièrement à la fin de la Première Guerre mondiale, de nombreuses familles vaudoises et fribourgeoises vinrent s’installer dans le Pays de Gex où ils remplacèrent les nombreux paysans français tués au front.
Edouard et Hélène Falquet étaient arrivés à Ferney en 1927, venue du petit village vaudois de La Praz. Ils avaient repris l’exploitation du Châtelard, une des fermes appartenant à la famille Lambert, propriétaires du château. A noter qu’entre 1914 et 1918, de nombreux blessés de guerre avaient été accueillis et soignés en face de la ferme, dans un bâtiment où subsista longtemps une grande pièce appelée « la chambre des Poilus », occupée plus tard, à la fin de la Deuxième Guerre mondiale, par des prisonniers allemands.
Après Edouard, né en Suisse, naquirent à la ferme du Châtelard quatre enfants : Roger, Renée, Gisèle et Georges, ce dernier s’étant noyé à l’âge de treize ans dans l’étang de Ferney.
Au centre du village, veuve, « Madame Andrée » avait donc repris le Café des Sports et fait, un peu plus tard, la rencontre d’Auguste Perrot dit « Bidule », garagiste dans le quartier de la Limite. Ils finirent leurs jours dans une maison bâtie sur la route de Prévessin, juste à côté de celle qu’avaient construite, quelques années plus tôt, Roger et Eliane Falquet. Un choix qui disait bien la proximité entre les familles et les générations. C’est là que, devenue veuve en 2002, Eliane a passé le reste de sa vie, pratiquant l’aquarelle, la tapisserie, la couture et la cuisine.
Avec Eliane Falquet, c’est un peu de notre histoire villageoise qui s’est envolée en mars 2019.
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