CANET, Lucien, Jacques (1935 – 1958) Sergent au 25e BCA Mort pour la France à l’âge de 23 ans le 14 septembre 1958 à Lamy (Algérie)
Lucien est né en 1935 dans la région lyonnaise, dans une famille en grande difficulté. Il est placé, à l’âge de 8 ans, en 1943, à la Maison St-Pierre, confié aux soins des Petites Sœurs de Jésus franciscaines, avant de découvrir l’Abbé Boisson et ainsi devenir l’un des tout premiers Marmousets.
Il fait un apprentissage de mécanicien auto chez M. Antonin Dunand (garage Citroën situé alors rue de Versoix). Il est appelé sous les drapeaux le 1er juillet 1956, d’abord au Centre d’instruction du 13e BCA et, 4 mois plus tard, envoyé en Afrique du Nord, comme beaucoup de Marmousets et de Ferneysiens à cette époque.
Affecté au 25e BCA, il participe aux opérations de maintien de l’ordre, d’abord en Tunisie, ensuite en Algérie. Nommé sergent le 1er janvier 1958, il prend le commandement d’un équipage de half-track.
Dans la nuit du 14 au 15 septembre 1958, alors qu’une section d’une compagnie voisine a besoin de l’appui d’une patrouille de half-tracks, il part en tête avec son équipage. Après avoir réglé l’incident, il fouille le terrain autour de l’embuscade. C’est alors que son half-track saute sur un obus piégé. Très grièvement blessé aux deux jambes, il meurt dans le courant de la nuit des suites de ses blessures.
Après 27 mois de service militaire, il aurait dû regagner, 15 jours plus tard, sa maison, ce Foyer des Marmousets auquel il était si attaché. Ses obsèques militaires eurent lieu à Bône (Algérie) le 19 septembre 1958. Lors de cette cérémonie lui furent décernés les insignes de la Médaille Militaire et de la Croix de la Valeur Militaire.
Son corps a été ramené à Ferney, au Foyer, le mercredi 19 novembre à 17h00, où une chapelle ardente avait été dressée. Le jeudi 20 novembre, une assistance considérable et recueillie a accompagné la dépouille de Lucien du Foyer des Marmousets à l’église, puis au cimetière.
Lucien Canet repose à Ferney auprès de l’Abbé Joseph Boisson.
Extrait de l’allocution de l’Abbé Boisson, adressant un dernier adieu à son protégé:
« Lucien était de la race des humbles, des infortunés. Il s’est imposé pour ses qualités morales et, quoique modeste, il est mort au combat comme un grand seigneur. Sens des responsabilités, courage, valeur morale, humilité, tel était Lucien Canet qui, blessé grièvement, s’occupait du sort de ses camarades de combat et eut cette phrase touchante : « Je n’ai fait que mon devoir ». Il nous reste la fierté de sa conduite, de son exemple pour les Marmousets… »
Je m’appelle ROGER VOIDE, je suis un très ancien Marmouset de St Pierre. Dans les années 1946-47, j’étais à l’orphelinat chez les « petits » avec Soeur Marie Blanche. J’ai bien connu LUCIEN, il avait environ 12 ans, il était chez les « grands » avec Soeur Saint Paul . Lucien était très gentil avec les « petits »… Il avait bricolé une crèche dans son casier, que nous allions voir de temps en temps. Je me rappelle très bien l’abbé Boisson, il avait à l’époque un Vélosolex. Cette période de mon enfance a été très douloureuse pour moi, et m’a marqué pour toute ma vie ! L’abbé Boisson était un vrai père pour tous les gosses perdus que nous étions ! J’ai plein de souvenirs très précis de mon séjour dans le Ferney de l’époque ! A bientôt 78 ans, c’est comme si c’était hier, et c’est avec une terrible émotion que j’écris ces lignes !